Plateformes et Créateurs, même but ?
L’équipe de Partager c’est Sympa a fait une super analyse sur le piège tendu par les réseaux sociaux à la fois pour les spectateurs mais aussi pour les créatrices et créateurs de contenu.
Je vous invite à regarder toute la vidéo. Dans cet article, j’ai relevé quelques points que je trouve très intéressants autour de l’addiction et du rôle des créateurs dans cette addiction.
Nous le savons, ces plateformes de diffusion gratuite ont comme modèle économique la publicité. Une partie de leur métier est de cibler les publicités en accumulant un maximum de données qui permettront de connaître au mieux les utilisateurs. Et l’autre partie de leur métier est d’avoir toujours plus d’utilisateurs et de modifier leur comportement pour qu’ils passent le plus de temps possible sur leur plateforme et ainsi distribuer toujours plus de publicités.
C’est ce qu’on appelle le capitalisme de l’attention.
L’objectif premier des plateformes serait donc de rendre addict le spectateur. Pour atteindre cet objectif, on peut distinguer deux stratégies mises en places :
- Optimiser la plateforme pour amplifier l’addiction (notifications, suggestions, tri par algorithme)
- Encourager et former les créateurs à créer une addiction
On peut observer que le créateur a des objectifs similaires à ceux des plateformes. En effet, il cherche à être suivi par un maximum de personne et que ses vidéos soient les plus vus possible. Pour atteindre ce but, le créateur doit s’adapter à chaque plateforme sur lesquelles il publie.
Le créateur doit jouer au jeu des algorithmes parce que s’il n’y joue pas, il disparaîtra auprès de ses abonnés et de la plateforme.
Pour éviter d’être oublié, le créateur doit jouer au jeu des plateformes.
Vincent observe que tout le travail qu’il a fourni pour construire sa communauté sur Facebook ne porte pas ses fruits. L’employé de Facebook l’explique très bien à Vincent, l’algorithme va mettre en avant les créateurs et leurs contenus les plus « engageant » qui créent le plus d’ « interactions » (commentaires, likes, partages). L’algorithme ne distribuera pas forcément aux abonnés. Pour ne pas être « oublié » par la plateforme et les spectateurs, l’employé de Facebook conseille de publier minimum 1 à 2 fois par semaine.
Comme le relève Un Créatif, YouTube fait flipper le créateur ou l’encourage suivant comment ses vidéos performent. A l’aide de voyants vert et rouge, YouTube rend aussi addict le créateur à publier et à optimiser ses contenus à la performance.
Le créateur aussi tombe dans le piège de l’addiction des plateformes.
Les deux dernières questions de Vincent à l’employé de Facebook sont hyper pertinentes.
Combien les créateurs rapportent aux plateformes ?
L’employé est incapable de le dire. Il évite un peu la question en précisant que Partager c’est Sympa ne monétise pas ses vidéos sur Facebook avec de la publicité donc ne rapporte rien à la plateforme.
Pourquoi cet employé prend-il donc du temps à répondre aux questions de Vincent ? C’est qu’il y a un intérêt financier à conseiller le créateur ?
Comme le relève Vincent, même en créant du contenu gratuitement, il participe bien à attirer les spectateurs sur la plateforme, il participe donc bien à enrichir la plateforme.
Vous êtes français, vous avez fait vos études en France, vous conseillez des créateurs français et vous le faites depuis l’Irlande, est-ce pour défiscaliser de la richesse créée en France ?
L’employé de Facebook ne sait pas, et invite Vincent à Dublin.
La vidéo se termine avec un échange avec Arthur de La Quadrature du Net. Arthur explique qu’une des façons de lutter serait :
Obliger les plateformes à être interopérables.
L’interopérabilité c’est la possibilité de communiquer entre 2 outils, et ici entre 2 plateformes. C’est très bien expliqué dans cet article de la Quadrature.
Il faudrait donc que les plateformes se mettent à jour pour créer des ponts techniques permettant de suivre un créateur depuis un autre outil que leur plateforme.
Rendre interopérable les logiciels de messagerie instantané permettrait par exemple de communiquer depuis son compte WhatsApp avec un utilisateur de Snapchat, ou de Signal.
Arthur relève aussi la stratégie des monopoles pour se dédouaner des addictions créées par leurs plateformes.
Ils rendent les victimes de leur modèle économique, responsables de leur sort.
Selon lui, ils nous traitent de « schizophrène » dans le sens où on aurait choisi de venir sur leur plateforme tout en étant conscient de leur modèle publicitaire mais finalement on n’en voudrait pas. Mais comme le rappelle Arthur, nous n’avons pas choisi leur modèle. Au démarrage de ces plateformes, cet enfer n’était pas présent.
Il ne faut pas corriger ces plateformes. Ceux sont des entreprises foncièrement mauvaises de par leur modèle économique basé sur l’idéologie dominante dont l’objectif est de devenir le plus gros possible et crée donc une situation impossible à corriger. Il faut donc créer des passerelles pour permettre aux gens d’en partir.
Et si nous, créatrices et créateurs, nous étions ces passerelles ?